Colocation et santé : nouveau gage de bien-être ?

Ajouté le 05 sept. 2022, par Juliette Benhamou
Colocation et santé : nouveau gage de bien-être ?

Ce mode de vie collective renforce le sentiment de communauté et de sécurité, la santé et le bien-être.
Ce mode de vie collective renforce le sentiment de communauté et de sécurité, la santé et le bien-être.
Ce mode de vie collective renforce le sentiment de communauté et de sécurité, la santé et le bien-être. ©South Agency

Le lieu où nous vivons influence notre santé, de manière positive… ou négative. Un logement insalubre a des effets néfastes sur la santé de ses occupants. Un logement sain contribue à leur bonne santé. De nombreuses études scientifiques ont identifié les facteurs physiques qui ont une incidence sur la santé : bâtiment, circulation de l’air, humidité, isolation, bruit etc. On en sait moins sur les effets de la typologie de cohabitation sur la santé. Est-ce que vivre ensemble peut contribuer à une meilleure santé que vivre seul ?

Une récente étude met en évidence l’impact de la vie en colocation sur la santé des occupants âgés. Les résultats en matière de santé sont influencés par l'abordabilité, la stabilité, la qualité et le lien émotionnel avec le logement, ainsi que par les caractéristiques physiques et sociales des quartiers. Alors que les preuves des effets néfastes du logement sur la santé physique et mentale ont été examinées, il y a eu peu d'évaluation des effets bénéfiques sur la santé des arrangements de logement où les gens vivent intentionnellement ensemble dans une communauté. Les preuves suggèrent que les modes de vie en commun réduisent les sentiments de solitude et augmentent le bien-être perçu parmi la population âgée par rapport aux résidents vivant dans des arrangements simples.

Colocation ou cohabitation : de quoi parle-t-on ? 

La littérature scientifique consacrée à la cohabitation se caractérise par un certain degré d'ambiguïté et de chevauchement entre différents termes et expériences. Cependant, il existe un consensus entre différents auteurs pour définir la cohabitation comme une forme de vie en collectivité qui contient un mélange d'espaces privés et communautaires avec d'importantes installations communes autogérées et des activités destinées à la vie quotidienne.

Que nous apprennent les études sur la cohabitation ? 

À ce jour, les preuves suggèrent que la cohabitation réduit l'isolement des personnes âgées, a un impact positif sur la qualité de vie des habitants et est bénéfique pour la santé physique et mentale. Parmi les résidents des logements intergénérationnels, la cohabitation a également augmenté le soutien mutuel et crée un sentiment de communauté parmi les résidents. Ces sentiments pourraient être étendus au quartier en augmentant le sens de la communauté au-delà des limites de la cohabitation, entraînant une amélioration du bien-être des résidents. Cependant, il existe moins d'études sur les effets sur la santé physique et mentale dans les populations intergénérationnelles, et les résultats semblent peu clairs.

Origines de la cohabitation et des habitats partagés 

Le modèle de cohabitation a été créé au Danemark au début des années 1970 comme une forme innovante de logement collectif et s'est ensuite étendu à d'autres pays d'Europe du Nord, aux États-Unis et à d'autres latitudes comme l'Uruguay. Ces dernières années, la cohabitation a réapparu aux États-Unis, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Cette réémergence a été associée à la quête d'un sentiment d'appartenance, à une plus grande connexion avec la communauté et à un rejet croissant des modes de consommation dominants. En outre, il a été stimulé par le manque de logements abordables et les mauvaises conditions de location. La cohabitation est présentée comme une alternative potentielle aux modes d'occupation conventionnels. 
Le modèle de cohabitation ou d’habitat partagé intéresse les pouvoirs publics pour son impact sur la santé, son attractivité économique et son utilité dans le cadre de politiques de repeuplement local ou de rétention des populations dans des zones manquant d’attractivité. Du point de vue de la promotion de la santé, l'expansion des habitats partagés est liée à la nécessité de répondre au phénomène d'isolement social par des modèles d'habitation communautaires qui favorisent la cohésion sociale. De plus, le modèle de cohabitation facilite l’accès au logement pour des publics qui n’ont pas les moyens de payer le loyer d’un appartement individuel.

Bien qu'il n'y ait qu'un nombre modeste d'études sur la cohabitation et la santé, le bien-être ou la qualité de vie, la recherche dans ce domaine augmente lentement.

Comment la cohabitation peut-elle affecter la santé, la qualité de vie et le bien-être ? 

L’étude susmentionnée montre que la cohabitation et la colocation améliorent le soutien social entre les cohabitants. Ce mode de vie collective renforce le sentiment de communauté et de sécurité, la santé et le bien-être. A l’inverse, le manque de réseau social et de soutien, l'isolement social et la solitude sont liés à de mauvais résultats en matière de santé cardiovasculaire et mentale. Lorsqu’on leur pose la question, les habitants des colocations déclarent se sentir bien. Ils pensent que la vie en communauté contribue à leur bien-être. Ce sentiment est plus fort dans les communautés de personnes âgées que dans les autres types de colocation. 

De plus, il a été démontré qu'un soutien social élevé et une participation aux réseaux sociaux atténuent le stress chez les personnes âgées, les empêchant de développer un déclin fonctionnel et des problèmes de santé mentale. Un sens de la communauté a également été positivement lié à une gamme de résultats de santé et d'indicateurs de bien-être, y compris la satisfaction de vivre et la solitude, le bonheur et la qualité de vie.

Pour conclure, ces travaux sur la colocation viennent compléter une abondante littérature scientifique qui met en lumière l’importance du vivre ensemble sur la santé physique, mentale et la longévité en bonne santé. La vie en communauté n’est pas une mode, ni une lubie, c’est une nécessité inscrite dans nos gènes. L’homme est un animal social et c’est au contact des autres qu’il s’épanouit et dure. 

 

Bibliographie : The effects of cohousing model on people’s health and wellbeing: a scoping review, public health review du 6.10.2020.

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