Cécile M. : « Le fait de ne pas être seule peut jouer pour 30 à 40 % dans la guérison »

Ajouté le 11 oct. 2022, par Florence Batisse-Pichet
Cécile M. : « Le fait de ne pas être seule peut jouer pour 30 à 40 % dans la guérison »

Parole de femmes à l'occasion d'Octobre Rose 2022
Parole de femmes à l'occasion d'Octobre Rose 2022 ©Ipopba

À l’occasion d’Octobre Rose 2022, mois de la prévention des femmes face au cancer du sein, Audiens Le Média a souhaité donner la parole à trois d’entre elles, en trois rendez-vous hebdomadaires. Autour de cette épreuve, trois témoignages sans tabou qui invitent à être à l’écoute de son corps. Premier entretien avec Cécile M.

En 2016, Cécile, alors âgée de 35 ans, se détecte un matin une boule au sein. Après avoir consulté son médecin, les analyses confirment un cancer au stade 3. En rémission depuis six ans, elle a accepté de témoigner sur cette épreuve qui a chamboulé sa vie et comment elle a réussi à en tirer le meilleur. Son message : s’écouter et écouter son corps.

Lorsque le diagnostic de votre cancer du sein a été posé, dans quel état d’esprit étiez-vous ? 

Mon corps m’envoyait des signaux que je ne voulais pas entendre. Cela a commencé par une infection aux aisselles. Je sentais qu’il se passait quelque chose d’anormal. À deux reprises, j’ai demandé à faire une mammographie, ce qui m’a été refusé car je n’étais pas dans la tranche d’âge, à moins de la prendre à ma charge. Outre le fait d’être stressée par mon activité professionnelle, je n’étais pas sportive et j’avais une très mauvaise alimentation. Un matin, en me mettant une crème hydratante, j’ai senti une boule. J’en ai aussitôt parlé à mon médecin. Sentant la nécessité de prendre soin de moi, c’est pendant ce parcours d’examens - mammo, écho et scintigraphie - que j’ai pris la décision de quitter mon emploi. Le diagnostic est tombé trois semaines après : de but en blanc, l’oncologue m’a annoncé que j’avais un cancer du sein au stade 3. Je devais démarrer immédiatement le protocole de soins et renoncer aux vacances prévues.

Comment s’est déroulé le traitement ?

En quelques semaines, la tumeur avait déjà pris plusieurs millimètres : il fallait résorber avec une chimiothérapie au rythme d’une séance toutes les 3 semaines, durant 5 mois, ce qui a permis de la réduire rapidement tout en conservant mon sein. Puis il y a eu la tumorectomie, suivie de la radiothérapie. Le traitement s’est échelonné sur un an, mais les effets secondaires m’ont empêchée de reprendre un emploi. 

Pouvez-vous nous parler de ces effets secondaires ?

En plus de l’immense faiblesse générale et des effets secondaires habituels ( bouffées de chaleur, langue sèche avec des lésions qui vous empêchent de vous alimenter, de parler, et une énorme prise de poids ), le plus difficile furent les troubles cognitifs : je cherchais mes mots. Il m’était impossible de regarder les films en version originale, et vu que mes yeux étaient fatigués, je n’arrivais pas à lire les sous-titres ! Mon cerveau était littéralement embrumé, c’est ce qui correspond au chemofrog ou brouillard de la chimio : le cerveau ne fonctionne plus normalement. Personne, dans le corps médical, ne voulait alors reconnaître mes troubles. C’est depuis peu que les médias en parlent, et que j’ai pu lire des articles les évoquant notamment dans le magazine Ruban Rose.

Qu’est-ce qui vous a permis de tenir ?

La santé mentale est importante dans la guérison. Ainsi, le fait de ne pas être seule peut jouer pour 30 à 40 % dans la guérison. C’est grâce à tous mes proches que j’ai réussi à faire de cette année, une année de fête. On a choisi de rire du fait que je n’avais plus de cheveux ni de sourcils, et que je ressemblais à un personnage de manga ! Même si c’était éprouvant, j’ai été soutenue. Et si on n’a pas un cercle d’amis disponibles, il faut alors rejoindre une association ou un groupe de paroles, assister à un cours de maquillage, etc. 

Et la prévention dans tout ça ?

Tout de suite après mon traitement, j’ai beaucoup raconté mon histoire, abordant notamment le sujet avec mes copines pour leur expliquer la nécessité de l’autopalpation. Je me souviens que j’avais encore les marqueurs de la radiothérapie et l’une d’elles m’avait dit : « Ton corps ressemble à une carte de chasse au trésor ! » J’ai même réalisé un triptyque de photos de moi, que je leur avais demandé de ne pas diffuser évidemment. Je postais également sur les réseaux sociaux. Entre elles, puis leurs collègues et familles, cette transmission a pris une véritable ampleur. J’étais fière qu’elles s’approprient ce message et qu’en cas de la moindre suspicion de boule, elles aient le réflexe de consulter.

La leçon que vous avez tirée de cette épreuve ?

Il faut se respecter, autrement dit, écouter son corps et accorder ses valeurs à sa façon de vivre. Mon cancer du sein n’était pas lié à un terrain génétique mais à mon mode de vie. Durant mon traitement, j’ai également découvert qu’il pouvait y avoir une corrélation entre ma tumeur et les perturbateurs endocriniens contenus dans certains déodorants. Entre le stress et mon hygiène de vie, il y a certainement eu un effet cocktail. Depuis ma rémission, je prends soin de moi. J’ai même entrepris un nouveau projet professionnel, en résonance avec mes aspirations.


Pour s’informer sur Octobre Rose : https://octobre-rose.ligue-cancer.net


Pour prendre rendez-vous avec le service de gynécologie ou pour une mammographie : consulter le site du Pôle santé Bergère  
7, rue Bergère – 75009 Paris - Tél. 0 173 173 173


 

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